À Plouescat, ces collégiens de 13 ans se jettent à l’eau pour la SNSM [Vidéo]

Ils auraient pu prendre latin, culture bretonne ou cinéma. Mais les vagues, tout à côté, n’ont pas eu trop à faire pour les attirer. « Mon père est un ancien moniteur de voile. Je suis née près de la mer, je n’en ai pas peur. C’est super si je peux apprendre à aider ! », assure Marine, tout en reprenant les bases des nœuds de huit, nœuds plats ou nœuds de cochon.

« Des gamins responsables »

Gars et filles sont à égalité. L’option, unique en France, a réussi à recruter équilibré. Venus de cinq kilomètres à la ronde, les élèves entament leur cinquième demi-journée de formation hors temps scolaire, mais ça ne les gênent pas. « On sent une grande solidarité dans le groupe. Mêler vivre-ensemble, sport et santé génère un bon état d’esprit. Ce sont des gamins responsables, sur qui l’on peut compter. Pas un seul n’a lâché ! », se réjouit Anne-Sophie Moal.

La professeure de français, avec qui ils étudiaient « Le Cid » de Corneille ce matin-là, a mis son autre casquette de canotière bénévole à la SNSM, cet après-midi. Équipés jusqu’au casque et au gilet de sauvetage, avec longe et lampe torche, les jeunes attendent de se mettre à l’eau. Ils vont jouer tantôt les victimes, tantôt les sauveteurs. Première séquence technique, avec le président de la station SNSM, Christophe Marmet, qui détaille le fonctionnement et les moyens nautiques ici disponibles. Deuxième séquence en bord de mer : pendant que certains révisent, sur la plage, les bases du PSC1 et du massage cardiaque autour du mannequin Robert, c’est l’heure pour les autres de partir un peu plus au large en hors-bord. Pas question de resquiller, tout le monde va y passer.

On sent une grande solidarité dans le groupe. Mêler vivre-ensemble, sport et santé génère un bon état d’esprit. Ce sont des gamins responsables, sur qui l’on peut compter. Pas un seul n’a lâché !

« Vachement mieux en vrai »

Maxence, 13 ans, est l’un des premiers à tester l’échelle de secours Markus, dans l’eau à 11 °C. « Quand une personne est en hypothermie, il faut la sortir allongée, afin de garder le plus de sang possible dans le cœur », rappelle Christophe Marmet. Sauter à l’eau, se laisser porter et enrouler dans le filet, jusqu’à ce que quatre paires de bras vous hissent. Puis se mettre à côté des adultes, regarder son camarade plonger, et recommencer. « On a également suivi les appels au Cross-Corsen en VHF, comment il fallait se tenir dans le canot ». À peine revenu à terre, Maxence grelotte mais sourit. « Mon parrain était sauveteur en mer à Plougasnou (29). Moi, j’aimerais bien devenir pêcheur. C’est vachement mieux de voir les situations en vrai que dans une salle ! »

Même si un seul de ces treize collégiens devait, un jour, nous rejoindre, ils sont déjà nos meilleurs ambassadeurs

« Nos meilleurs ambassadeurs »

Ce mercredi, quatre bénévoles SNSM et deux enseignants du collège ont donné de leur temps pour cet apprentissage. Si cette option a pu voir le jour dans ce petit bout de terre léonarde, c’est qu’ici, tout le monde se connaît. La rencontre d’Anne-Sophie Moal et du président de la station locale, qui rêvent de créer une réserve citoyenne sur la commune, a été décisive. Le collège a saisi « cette chance inouïe ». « Elle donne du sens et une plus-value à l’apprentissage », rappelle la directrice Béatrice Le Saint.

Tout sourire, Marine, Louise et Constance indiquent qu’elles aimeraient devenir surveillantes de baignade l’été. Avant la fin de l’année scolaire, elles découvriront aussi le centre de régulation du Samu 29, à Brest, ou peut-être la Base d’aéronautique navale de Lanvéoc-Poulmic (29). Face aux difficultés de recrutement, la SNSM a, de son côté, beaucoup à y gagner. « Même si un seul de ces treize collégiens devait un jour nous rejoindre, ils sont déjà nos meilleurs ambassadeurs, termine Christophe Marmet. Cette formation leur donnera des réflexes à vie pour sauver des vies ».